Sebastian Black: 3 New Shapes

Avr 23 - Mai 23, 2015
Vues de l'exposition
Communiqué de presse

Trois nouvelles formes 

 

La première forme est une aquatinte sur papier. La représentation est composée de boîtes noires. Dans certaines polices (ici Helvetica), une boîte noire représente un point final, un aboutissement. Une boîte noire peinte sur toile il y a 100 ans aurait de la même façon signifié un aboutissement. 

Que cette même boîte noire désigne aujourd’hui un simple point n’est pas anodin. 

L’imprimé, exposé ici à la verticale sur deux présentoirs imposants, est relié en accordéon. On espère qu’il donnera plutôt l’idée d’un paravent que d’un livre. Les paravents sont des formes dont la vocation est d’organiser l’espace en dissimulant les formes désordonnées qui se cachent derrière. Heureusement, l’ordre qu’ils instaurent est fragile ; pensez aux feuilles de vigne et à tout ce qui se cache derrière. Ce que j’essaie de dire, c’est que ce paravent devient un espace où nous projetons et réinventons toutes sortes de représentations nouvelles et coquines. À cet égard, il ne remplit donc pas sa mission première, bien au contraire. Soyons sérieux, un paravent est un écran qui crée de la transparence, un dispositif qui permet de voir le possible à travers l’existant. 

De nos jours, la plupart des écrans (généralement plats) font exactement le contraire.

Par leur capacité de représentation apparemment infinie, ils transforment le possible en une 

succession prosaïque d’existants. L’écran « transparent » d’aujourd’hui dissimule souvent une boîte noire très opaque. 

Une lettre en vinyle adhésif n’a aucun relief jusqu’à ce qu’on la détache de sa base et qu’on la plie. Je suppose que ce que j’essaie de dire, c’est qu’il s’agit avant tout de formes, indifférentes à toute proposition complémentaire : des substances dénuées de sens et du sens sans substance.

 

2 et 3

Il ne s’agit pas de formes « nouvelles » en soi. On y trouve un bureau en forme de bâtiment et un bâtiment en forme de bureau. Le bâtiment représente les locaux du ministère des Finances à Paris. J’y apprécie la présence d’un embarcadère, cet appendice architectural qui propose un hors-bord comme alternative à l’e-mail. Le bureau est quant à lui un meuble ordinaire que l’on peut trouver à proximité de n’importe quel distributeur automatique des succursales de Chase Bank. C’est lui qui reçoit les bordereaux de dépôt et récupère les papiers usagés. Maintenant que presque toutes les opérations se font en ligne, il reste là, désoeuvré. Ces deux formes sont en quelque sorte des appendices inutiles, un peu comme le coccyx. L’écriture est la queue disparue qui les rassemble. Elles sont également toutes les deux liées au monde de la banque, mais, contrairement aux conventions financières, leur finalité n’est pas claire.

 

– Sebastian Black, 2015

(traduction Angeline HADMAN)