Alex Ayed: Roaring Forties
Balice Hertling a le plaisir de présenter la deuxième exposition personnelle d’Alex Ayed à la galerie. Cette exposition inclut cinq oeuvres réalisées avec des voiles montées sur châssis dont l’aspect résulte de leur altération par les vents et la pluie. Quatre sculptures sont également présentées : une valise en peau de chèvre, un grand syngnathe séché, un sac orange fluo et un assemblage d’objets trouvés ayant la forme d’un phare miniature. Ainsi qu’un livre : un exemplaire du manuel Des Bois Propres Aux Constructions Navales (1803), qui décrit la construction des bateaux selon la forme des arbres, mis à disposition dans la galerie.
« Roaring Forties » (Quarantièmes Rugissants en français) le titre de l’exposition, fait référence aux célèbres vents qui soufflent dans l’hémisphère sud, entre les 40ème et 50ème parallèles. Bien connues par les marins depuis que les bateaux naviguent en ces eaux, les Quarantièmes Rugissants sont à la fois redoutés et appréciés pour la vitesse à laquelle ils permettent aux navires de parcourir le monde.
Dans son Operating Manual for Spaceship Earth de 1969, Buckminster Fuller développe le concept de « Grand Pirate » en référence aux hommes ayant maîtrisé les premiers la navigation.
Fuller décrit ces marins comme ayant à la fois une conscience élargie – qui leur permettait d’envisager le monde grâce à une connaissance globale de celui-ci – ainsi que les aptitudes techniques nécessaires pour y arriver. Au fur et à mesure que les progrès de la technologie de production des bateaux permirent d’accéder à des régions plus retirées de la planète, les limites du monde furent repoussées de plus en plus loin. Parallèlement, le côté existentiel de la navigation reste toujours présent avec la simple question : Où allons-nous ?
Parfois, cette question n’a pas de réponse car il n’y a pas de destination. C’est dans cet état d’esprit que des marins solitaires tels que Joshua Slocum et Bernard Moitessier, commencèrent à naviguer seuls sur les océans au cours du XXème siècle. En général sans assistance ni aide, ces nomades se sont aventurés en mer pendant des mois. Dans cet isolement, le vent, les nuages, les étoiles ou encore les plus petits signes de vie – une espèce d’oiseau ou un navire au loin – deviennent de précieux alliés. On peut voir cette connexion rare et fugitive dans le caractère expansif des oeuvres ici présentées, où une pellicule de poussière
accumulée sur la voile peut refléter la constellation d’étoiles que l’on pourrait utiliser pour retrouver son chemin.