Anders Dickson & Clémence de la Tour du Pin: A Sudden Wilt

Oct 21, 2020 - Jan 30, 2021 

Présentée par la galerie

15 Orient gallery
Brooklyn, NY

 

Face aux facteurs environnementaux tels que la rareté de l'eau, la chaleur excessive ou la malnutrition, les plantes s'effondrent lentement sur elles-mêmes. On appelle cette détérioration, cette forme d'affaissement, « flétrissement. » En réduisant la zone de sa surface, une plante peut conserver le peu d'eau qui lui reste. S'il y a de la beauté dans la floraison et même dans la décomposition, il est moins facile de prescrire une valeur esthétique au flétrissement, qui est un état d'être liminal et ambigu, ni nourri ni desséché. 

 

Dans les peintures et les objets muraux de La Tour du Pin, il y a des interstices de la peinture et de tissue qui deviennent des poches d'espace sur lesquelles le regard se pose. Dans les flaques tranquilles entre les structures squelettiques des œuvres, on imagine des fenêtres ou même des corps embaumés. De nombreux matériaux ont été collectés par l'artiste dans un ancien hôtel particulier qu'elle a visité dans sa jeunesse, avant sa dissolution et sa vente pour rénovation. La diversité des textures et des dessins produits par les matériaux obscurcit la réalité de leur source. L'artiste obtient un effet similaire dans ses peintures en représentant des morceaux d'images d'une porte intérieur en vitrail à New York City. Comme un bourgeon, ou une chrysalide, la densité psychique de ces œuvres rayonne vers l'extérieur tandis que se déploie des tons terrestres et des textures. 

 

Alors que les œuvres de La Tour du Pin suggèrent une compression et une préservation intérieurs des corps, les sculptures et les œuvres murales de Dickson saignent vers l'extérieur. Grâce à une palette de couleurs vives, l'artiste crée un rapport émotionnel entre les pratiques de la sculpture et de la peinture. Les sculptures de Dickson manifestent des corps contorsionnés et ambigus qui hybrident et ré-imaginent la machinerie industrielle. Dans ses peintures, on trouve des échos de formes sculpturales. Les masses semblent avoir été dépliées et étirées à plat comme l'origami. 

 

Comme les artistes partagent un atelier ensemble, leurs œuvres aussi partagent plusieurs caractéristiques communes : parmi celles-ci, le thème de la défiguration. Les deux artistes s'inspirent des théories de l'interstitiel et de l'anti-structure, introduit par l'anthropologue Victor Turner. Dans ces conditions, l'irrationnel et l'étrange sont les bienvenus. Dans « A Sudden Wilt » ( Un flétrissement soudain ), les artistes naviguent au sein d'un espace où des soupçons de surveillance sont murmurés aux fenêtres, tandis que policiers et civils sont mutuellement impliqués dans leurs sombres rencontres. Ici, tout se flétrit : les formes de vie se plient au poids de leurs parties, elles s'affaissent, en perdant leur forme. 

Alors que les corps passifs considèrent les événements se déroulant par leurs fenêtres, le niveau d'implication devient de plus en plus abstrait comme l'affinité et la proximité des nonconnaissances les uns avec les autres qui est devenu tabou. On se voit à travers les transparences. Des barrières invisibles sont mises en place pour nous protéger, mais en réalité elles nous rappellent notre solitude. Au moment où les normes aux espaces ainsi qu'aux événements sociaux et communautaires sont en cours de reconfiguration, notre désir pour le confort trouve un abri temporaire dans la nostalgie des anciennes textures du bois et des tissus. Celles-ci sont plus immédiatement sujets à la décomposition que les vitres en plexiglass d'une temporalité inconnue.